
Journal de bord et photographies : Nassera Tamer
Collecte des témoignages, muscardin et Walter : Valérie Ganne
Dessins : Marie Désert
Quelques humains qui s’arrogent le droit de rêver.
Cette édition a été réalisée à l’occasion de la deuxième « Micro-Résidence du Turfu », du 21 au 27 avril 2021, dans l’atelier d’Alice Ïfergan-Rey à Luc-en-Diois, près du ruisseau qui chante.
Imprimé le 25 avril 2021
De doute et de paillettes
Éditions

Diary and photographs: Nassera Tamer
Collection of testimonies, muscardin and Walter: Valérie Ganne
Drawings: Marie Désert
A few humans who arrogate to themselves the right to dream”
This edition was produced on the occasion of Turfu’s second “Micro-Residence”, from April 21 to 27, 2021, in Alice Ïfergan-Rey’s studio in Luc-en-Diois, near the singing brook.
Printed April 25, 2021
De doute et de paillettes
Éditions
Sophie, Arjuna et la Maison Escargot
« Deux mois après être arrivée dans le Diois, je rencontre à un festival un type
qui me demande pourquoi je suis là. Je lui réponds que je veux participer à un projet collectif et il me dit : « Moi j’aide les gens à faire des projets collectifs ». Ce type, c’était Jean-Claude.
Ensuite, tout s’est fait de manière très fluide, grâce aux rencontres et à la synchronicité. Le Maire de l’époque soutenait notre projet, il a été d’une aide incroyable. Les difficultés se sont ensuite aplanies, même si les premiers permis de construire ont été refusés.
Je savais que ma maison aurait des courbes et une connexion avec la nature. Vue du dessus elle ressemble à un nautile, la forme du nombre d’or, ce nombre d’harmonie que l’on retrouve dans toute la nature. Étienne, le maître d’œuvre, est un ami qui fait de la construction écologique depuis vingt ans. Il est aussi fou que moi mais il a les pieds sur terre. Ce défi le motivait énormément.
Cette maison a une charpente et un toit en spirale, comme une hélice autoportée, sans poteau central. Ça crée beaucoup d’espace et une énergie très forte… La construction a commencé il y a trois ans, avec de gros problèmes de météo : on a essuyé des orages de fou, on a dû recommencer le toit et des façades. Il faut être déterminée, d’autant que je travaille en parallèle. J’ai essayé de bosser le matin et d’aller sur le chantier l’après-midi,
mais c’était trop dur, trop stressant. C’est finalement plus simple pour moi d’alterner les journées chantier et boulot.
Ce sont des matériaux naturels, le crottin du coin, la terre du coin, la paille et le bois rond de Beaumont. Mon fils, Arjuna, qui a dix ans, est avec moi sur le projet, il a pas mal travaillé la terre au début, un peu de forge, du terrassement avec moi. Dedans, chaque poutre et les bois traversant sont sculptés : ici c’est Sophie en arabe, là le yin et le yang, tous ont une symbolique. Certaines poutres sont comme des gardiens. Chacun de ceux qui travaillent et qui passent ici ont des délires créatifs, ils laissent leur marque, proposent des choses. En ce moment, c’est un chantier participatif. Humainement parlant, c’est fou l’énergie qu’ils nous donnent.
Le Diois est un lieu où se retrouvent beaucoup de gens en recherche de solidarité, de créativité, de soin : ça crée un collectif immense. Plus je mets les mains dans la terre plus je me pose la question du sens : Qu’est-ce qu’une maison ? Qu’est ce qu’on y fait ? À quoi ça sert ? Je ne sais pas si cette maison sera là après moi mais j’ai très envie d’un dialogue entre elle et l’espace qui nous accueille. On a envie que ça rayonne. Un projet comme ça pose beaucoup de questions existentielles, en lien avec le sens, l’intérieur, ce qu’on a envie de faire et de déployer dans la vie. »
Valérie Ganne