
Journal de bord et photographies : Nassera Tamer
Collecte des témoignages, muscardin et Walter : Valérie Ganne
Dessins : Marie Désert
Quelques humains qui s’arrogent le droit de rêver.
Cette édition a été réalisée à l’occasion de la deuxième « Micro-Résidence du Turfu », du 21 au 27 avril 2021, dans l’atelier d’Alice Ïfergan-Rey à Luc-en-Diois, près du ruisseau qui chante.
Imprimé le 25 avril 2021
De doute et de paillettes
Éditions

Diary and photographs: Nassera Tamer
Collection of testimonies, muscardin and Walter: Valérie Ganne
Drawings: Marie Désert
A few humans who arrogate to themselves the right to dream.
This edition was produced on the occasion of Turfu’s second “Micro-Residence”, from April 21 to 27, 2021, in Alice Ïfergan-Rey’s studio in Luc-en-Diois, near the singing brook.
Printed April 25, 2021
De doute et de paillettes
Éditions
” Jour trois, réveil chagrin.
Toute cette liberté, cette gaîté qui s’accroche partout me perturbent. Je me force à travailler mais les filles essaient des robes longues pour aller à Die, les rires fusent, impossible de résister. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je deviens une auto-stoppeuse déguisée en Virginia Woolf sous acide. Tilia, jeune femme d’une beauté onirique, nous embarque dans sa Kangoo, véritable brocante sur roues. Sur le marché animé de Die, avec ma robe brodée jaune canari, ma pelisse noire de jais, je redécouvre le plaisir qu’il y a à sortir de soi, à être qui je veux.
Retour aux Muscardins : sur le Parquet, un bal s’organise, les enfants courent
partout, ivres de soleil.
L’impassible Christophe nous accueille devant sa Yourte. Pour lui et son épouse Ieva, on sent que le travail de la terre, ou plutôt avec la terre, est essentiel. Ils cherchent à faire corps avec le lieu et son équilibre subtil.
Le sémillant Nicolas nous ouvre la porte de sa Maison-Carrée. De chez lui, on ne voit que les montagnes, il veut bien être avec les autres mais aussi pouvoir s’isoler. Sa maison semble pratique, simple. Il en construit tellement que, pour une fois, il a voulu aller au plus vite.
Raoul raconte, affable, sa maison tout en hauteur, avec jardin suspendu, la faute à Walter et à son Château qui prend de la place. Avec Raoul, je saisis mieux comment le collectif s’organise, l’entraide et la responsabilité que cela implique.
Pour nous récompenser du travail accompli en plein cagnard — Marie ayant
quand même frôlé l’insolation — nous allons nous ravitailler à la superette : glace, chantilly, gâteaux, chocolat… tout y passe sans le moindre scrupule.
Le soir, nous réalisons que l’histoire à raconter, ce que nous avons vécu ici, nous dépasse un peu. C’est plus grand que nous. “
Nassera Tamer
